En ville, tu industries et en train tu cîmes...
Aujourd’hui, c’est tranquille relâche et presque rien au programme. Nous allons profiter à notre manière pas très locale de la friluftsliv ou vie au grand air. C’est un des fondements du bonheur à la norvégienne. Cela consiste à passer le plus de temps possible dans la nature ou en contact direct avec la nature.
La matinée commence sous un rythme ralenti car la météo est mitigée. De notre appart, nous regardons vers le sommet du Gaustatoppen, là où nous avons prévu d’aller, en faisant l’atelier écriture du voyage... Dedans, il fait 23 degrés et dehors 13, en nos 920 mètres d’altitude. Donc c’est à tout petit rythme que nous sortons Audinette du garage, passons à l’agence dire que nous sommes bien arrivés et allons faire un tour à Rjukan.
Le site de Rjukan-Notodden est patrimoine industriel mondial de l’Unesco. Il comprend un ensemble de centrales hydroélectriques, de lignes électriques, d’usines, de réseaux de transport et de villes. Ce complexe fut mis en place par la société Norsk Hydro pour produire des engrais chimiques à partir de l’azote présent dans l’air. Il s’agissait de répondre à la demande croissante du monde occidental en matière de production agricole. Il y avait aussi une usine de production d’eau lourde. Tout cela forme une association exceptionnelle d’équipements et de concepts industriels liés au paysage et offre un exemple de nouvelle industrie mondiale du début du XXe siècle.
Nous étions censés aller voir le musée, l’ancienne usine… mais l’envie est faiblarde et du coup nous regardons de loin. Finalement après avoir flâné dans les deux rues principales à la recherche de la poste pour envoyer les cartes que nous avons écrites le matin, tiens un fish and ships dans l’ancienne gare...
Avant de partir vers le sommet, nous faisons quelques courses et achetons les alcools souvenirs pour les buveurs que nous verrons à notre retour en France, dont de l’aquavit. La fin du voyage approche doucement…
En hiver, le soleil ne pénètre pas du tout dans la vallée. Du coup, depuis 2013 des heliostats ou miroirs réfléchissant sont installés sur les hauteurs pour offrir un point de lumière en cœur de ville, en hiver. La vendeuse de la boutique d’alcool nous a aussi dit que de nombreux habitants montaient régulièrement à la station de ski car là-haut il y a toujours quelques heures solarisées.
Tchou, tchou fait le train des cimes à 700 nok pour deux. Pendant la guerre froide il fallait pouvoir écouter ce qui se passait de l’autre côté du rideau de fer virtuel. Donc, les américains et leurs alliés avaient besoin de hauts sommets dégagés pour y poser de grandes oreilles. En Norvège, il fait froid et ce n’est pas forcément facile de rejoindre les sommets en hiver. Du coup, en 1959, l’Otan consacra 1 million de dollars à creuser un tunnel permettant à un train à crémaillère de grimper à 1 800 mètres, au sommet du mont Gausta, par tous les temps. Depuis, ce train est devenu attraction touristique.
A l’intérieur de la montagne la température reste autour d’une dizaine de degré. Le petit train est en deux tronçons de 860 mètres puis 1 040 mètres. Sous les rails coulent des milliers de litres d’eau à l’heure, l’infiltration est permanente.
Lorsque nous sommes partis le sommet était embrouillardé. C’est toujours de même en arrivant en haut du coup direction la buvette et ses célèbres gaufres avec un thé chaud. Nous n’avions pris qu’un dessert pour deux au resto !
Finalement les cieux ont décidé de nous octroyer le droit de voir 1/600ème de la Norvège. Par temps clair, ils offrent jusqu’à 1/6ème du pays. Les courageux montent et descendent à pieds et après hésitation nous optons pour la catégorie paresseux. Le pied en convalescence déclare ne pas avoir envie de jouer avec les caillasses du sentier…
Re petit train et fin de la journée dans notre appart à belle vue. Dans le garage du bâtiment, il y a des box en métal où les propriétaires des apparts stockent leurs skis, chaussures et autres biens. Ces box sont totalement ouverts sur le haut et nous nous disons qu’en bien des endroits, ils seraient vidés… Ce soir, nous dégustons LA confiserie du voyage: des Daims à l'orange, c'est gourmandissime...
Celui-ci fait beaucoup de bien qui ne fait pas de mal