Entre félins et Jourdain, c'est tout en Eaux...
Le rendez-vous est à 8h15, donc avant toutes les actions participant d’un bon début de matinée s’enchaînent. Ce matin, le serveur du peti-déj me propose des waffles, bien contente j’accepte. L’intention était meilleure que les gaufres car celles-ci étaient en béton ! Vous me direz, c’est peut-être fait exprès de plomber un peu l’estomac des touristes partant flotter sur la mer Morte…
Entre l'hôtel et le premier point de visite, il y a une vingtaine de kilomètres à faire et nous mettrons plus d’une heure. On passe par des routes plus petites que cela pour un bus c’est impossible ! A un moment donné on fait demi-tour en plein village et les marges de manœuvres se comptent en centimètres. Je me demande toujours pourquoi nous avons mis tant de temps, notre chauffeur connaissait-il la route ? En même temps, nous n’avons ni "notre" bus, ni "notre" chauffeur. Du coup, le wifi est également off. On nous a dit que "notre" bus était en panne et donc attribué un autre.
Première étape: récolte des brouzoufs pour le rajout de visite. Brouzoufs, vieux mot, remis à la mode dans divers jeux dont un de mes préférés Theme Park. En fin de voyage, j'ai discuté avec une personne faisant un circuit parrallèle au notre. Eux n'ont pas eu droit aux extensions, à l'eau gratuite à profusion dans le bus, emportée pour le soir, et au wifi pendant les déplacements...
Deuxième étape le qasr El Abed à Iracq el Amir. Ce château dit du Serviteur, fut bâti vers -200 par la famille Tobiades possédant les terres du secteur. Cette noble famille juive était bien intégrée dans le monde hellénistique et du coup le bâtiment en a le style avec une touche perse. Encore aujourd’hui sa fonction précise est incertaine et oscille entre forteresse, mausolée et palais. Le secteur était en conquêtes / guerres / reconquêtes permanentes entre les Ptolémées, les Séleucides, les Lagides… puis passa sous la tutelle de Philadelphia (Amman) et servi sous les byzantins. Il ne fut jamais achevé et fut bien endommagé par un tremblement de terre en 362.
Entre 1979 et 1985, une équipe comprenant les français Ernest Will et François Larcher, fouille le coin et rebâtit tout ce qui peut l’être…
Le bâtiment fait 40 mètres de long, 20 de large et 13 de haut. Du marbre blanc a été utilisé et certains blocs sont parmi les plus gros trouvés dans la région, en particulier un de 7 mètres sur 3.
Il est célèbre pour divers éléments d’architecture. Tout d’abord la fontaine dite du léopard. Léopard car sa peau semble mouchetée, des doutes persistent sur cette option car il semble que ce soit lié au stuc absent. Pus sa double entrée vers la pièce principale. Son pressoir à olives. Et surtout les statues de lionnes dont une avec un lionceau. C’est un chouette petit site montrant un type de construction particulier.
Une vingtaine de minutes pour faire le tour, pixeliser ce qui peut l’être et j’entends dire qu’on s’en va pour une bonne heure de route. Impossible sans aller visiter un petit coin. Mais il n’en est point pour les visiteurs sur le site. Le guide m’envoie dans le mobil home des gardiens. Seulement, je ne suis pas la seule à demander et du coup avant de prendre la route nous passons par une coopérative féminine d’artisanat.
Pour gagner leur vie, les femmes de l’association travaillent le papier mâché et la poterie. Cela me semble réellement du produit localement, donc je choisis quelques cartes et dépense 15 JOD.
A signaler à proximité des ruines un ancien habitat troglodytique qui se visite…
Il est 10h15 quand nous quittons la banlieue d’Amman. Un nouveau type d’échoppes apparaît le long de la route: les vendeurs de bouées et de maillots. Anecdote: dans un petit village, les numéros attribués aux maisons sont bien gros, bien visibles, faciles à repérer pour le facteur ou le visiteur. Les chiffres dits arabes (dits car en fait d’origine indienne) modernes sont utilisés, ce sont ceux que nous utilisons en occident.
A 18 kilomètres du lac, nous marquons l’arrêt au point 0. A partir de maintenant, en allant vers l’étendue d’eau, on descend sous-terre !!!
Mais d’abord, nous allons faire le détour non initialement prévu au programme, vers Al-Maghtas (Immersion, Baptême) ou Béthanie au-delà du Jourdain et un bref stop pixelisations devant la colline d’Elie. Il est estimé que c'est de là qu'il serait monté au Ciel...
Des fouilles ont été entreprises sur le site à partir de 1994 et en 1999 l’église catholique romaine reconnu le lieu comme étant celui du baptême de Jésus-Christ par Jean-le-Baptiste. De nombreuses autres églises, en particulier orthodoxes ont validé ce site. Il est classé au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2015. Cependant, les protestants, Israël et d’autres ne le reconnaissent pas. L’archéologie-biblique reste chose complexe !!!
Sur ce site ont été trouvés de nombreux vestiges attestant d’une forte activité ancienne. Parmi eux: un bâtiment rectangulaire du IIIème siècle pouvant être un hall de prières, les ruines d'une église du IVème siècle, des citernes et bassins de la période romaine, un monastère byzantin, des grottes abritant des ermites ou servant de cellules à des religieux, des mosaïques… Il est estimé qu’une quinzaine d’églises auraient été construites.
Il se trouve dans une zone militarisée, vu la proximité de la frontière. Pour y pénétrer en groupe, un laisser-passer ets fait sur place puis le trajet se fait dans votre bus. En individuel, il faut en plus prendre une navette spécifique. Il y en a une toutes les 30 minutes.
A 11h45, le long chemin de découverte s’entame. Il fait extrêmement chaud dans le coin, il n’y a pas du tout de vent mais heureusement une ombrière surplombe le sentier. Un arrêt au site où Jean a/aurait baptisé (a/aurait selon la position personnelle). De nos jours, il n’y a plus d’eau à cet endroit car le Jourdain a bien rétréci à cause des fortes ponctions pour l’irrigation et les besoins divers. Il n’est plus qu’un tout petit ruisseau passant plus loin. Un autre arrêt à l’espace de prières et nous voilà en bord d’eau. Quelques mètres bien surveillés séparent les deux pays. Deux zones de baptême par immersion ont été délimitées et en ce jour celle du côté israélien est active. Les orthodoxes baptisent par immersion totale.
On a le droit de prendre de l’eau soit directement dans le cours d’eau, ce sera une eau fortement sédimentée, soit dans une fontaine à eau filtrée. J’opte pour la sédimentée car je suis sûre de son origine !
Une église grecque orthodoxe a été construite en toute proximité du rivage, elle permet de brûler un cierge en souvenir de ses proches ou de son passage. Pour info, la zone comprend aussi des commodités, ce fut ouf-ouf-ouf pour ma part !
La chaleur, la rapidité du passage, le côté visite touristique, ma pressante envie… font que j’ai ressenti très peu d’émotions à parcourir ces allées. Il m’aurait fallu nettement plus de temps pour m’imprégner de l’atmosphère, faire lien avec le passé, l’Histoire certaine ou parabolique…
Il est temps de partir vacancer à la beach…