Un Memorial day, tout en hauteur et profondeur...
Dring, Coucou, ZZZZ… Il est 6h15 et c’est l’heure de regarder par la fenêtre quelles vont être les couleurs du jour. Malgré les heures de préparation, d'analyse des possibles et peut-être, ce sont elles qui vont décider de la ligne du jour. Le ciel a l’air bellement dégagé donc le programme envisagé est activé: ce sera zone du World Trade Center et petits plus…
Première étape, direction la salle du petit déjeuner. J’adore l’ambiance surannée et le fait qu’à 7 heures du matin il n’y a quasiment personne. Et une waffle, une… Je trouve largement de quoi partir le petit ventre tout plein. J’emporte également une pomme pour fruit du soir.
La météo annonce une température de 3°celsius, froid mais pas big glaciaire froid. Donc, un débardeur Damart, un petit pull en polaire, un gilet intermédiaire en polaire, un gilet sans manche en polaire et mon manteau, cela devrait le faire. Plus gants et bandeau de ski… Il faut dire que j’envisage un tour en bateau et qu’il faut donc prévoir pour des intérieurs et extérieurs…
8h tout pile et me revoilà face au Platferàrepasser ou Flatiron. Vu d’en haut, sa forme en ancien fer à repasser est bien visible. Je suis fan de ce bâtiment mais trouve bien triste que le rez-de-chaussée fasse tâche car en mode pub jaune bien visible, grrrrrr !
La station de métro, 23 street, est à ses pieds et à 5 minutes de l’hôtel. Je vais prendre la ligne jaune, une rame R ou W vers downtown ou le bas de la ville. Une particularité du métro new-yorkais, c’est qu’il est construit à faible profondeur. Donc, il est bien souvent impossible de passer d’un sens de voie à l’autre en sous-terrain, il faut remonter à la surface. Du coup, quand vous prenez le métro, il faut prendre la bonne bouche, pour aujourd’hui la down. Ce métro m’a globalement fait l’impression d’être propre, de ne pas puer, d’être sécure…
J’avais repéré les éléments de décor en arrivant hier et je regarde de plus près tous ces petits chapeaux en l’honneur de multiples personnalités. Je commence à pixeliser. Je ferai une page spéciale sur le métr’art…
Voilà Cortland, la station visée se situant en bordure de la nouvelle gare/centre commercial de la zone du World Trade. Au-dessus de moi, c’est une foultitude de lignes blanches semblant appartenir à la coque renversée d’un navire. C’est lumineux et en cette saison noëllement décoré. C’est un style déjà vu en d’autres gares comme en la TGV de l’aéroport Saint-Exupéry de Lyon. On le doit à l’espagnol Santiago Calatrava Valls. La partie bombée est nommée Oculus, comme un œil ouvert sur le ciel, regardant ce qui n’est plus que mémoire…
Il me reste à suivre les panneaux indiquant l’Observatory de la tour One World, dit OWO, car je vise les premières montées et cela ouvre à 9 heures. La file d’attente commence à se former et un employé passe regarder les vouchers afin d’envoyer à l’accueil, celles et ceux ayant besoin de l’échanger contre un bon. Et c’est mon cas. Le Freestyle pass ne permet pas l'accès direct, il faut aller chercher un billet. Un peu dommage ce système car cela consomme bcp de papier pour rien !!! Je m’attendais à plus drastique comme fouille mais c’est rapide scannage. Cependant aux heures de pointe, cela doit ralentir le flux.
Il est 9h10 quand l’ascenseur m’élève vers le 102ème étage à 380 mètres d’altitude et le chouette spectacle d’accueil… Pour celles et ceux ne pouvant y aller, vous pourrez le vivre dans les petits films du jour… Hier, je suis montée à 381 mètres aujourd’hui c’est 380, bataille de mètre en perspective ??? La hauteur totale de la tour avec son chapeau est de 1 776 pieds (ou 541,3 mètres) en référence à la déclaration d’Indépendance de 1776. Il faut ensuite passer par une étape de présentation de tablette numérique soi-disant indispensable à la découverte. Comme en bien des sites commerciaux, toutes les tentatives d'augmenter le niveau de dépenses des visiteurs sont exploitées...
Le tour de l’étage offre un 360° sur la ville. Malheureusement, elle est légèrement brumassée par la météo et les vitres ! Dès le matin, il y a plein de gens s’appuyant dessus donc au fil de la journée, cela doit se doigtiser de partout ! Ils ont tenté de limiter la possibilité de s'asseoir juste en bordure des vitres e disposant une petite frise, mais en hiver les manteaux sont posés dessus et les fesses ne sont pas gênées...
C’est belle vue mais je ne ressens pas la magie de la veille. Par contre, mon attirail vestimentaire est en mode surchauffe. J’avais prévu d’acheter un sac pour mettre dedans manteau et gilets lors des visites. Le cabas basique de courses me revient à 7,57 dollars et me permet de me déplacer légère. L’avantage c’est qu’il a la bonne taille pour se plier et de pouvoir être porté par la poche droite du manteau quand ce n’est pas l’inverse. Je me pose, pour prendre le temps d’admirer et grignoter un muffin en buvant un jus de pomme (14,15 dollars). Pour les prix, c’est New-York, dans un lieu touristique, donc…
Et, arrive le moment où il faut bien les regarder ces deux bassins carrés symbolisant les Jumelles disparues. Je fais partie des humains qui, il y a exactement 207 mois, les ont vues se prendre le deuxième avion, brûler, s’effondrer et emporter avec elles 2 743 victimes plus 10 assassins. Je me souviens de notre étourdissement, de nos peurs de la disparition de notre Monde, de nos compréhensions que la guerre à base fanatico-religionisante existant depuis plusieurs décennies venait de se mondialiser… Nous craignions, que plus rien ne soit pareil et en même temps depuis la nuit des temps rien n’a jamais été pareil d’une année à l’autre. L’écroulement fut un méga choc pour moi car lorsque qqs années plus tôt j’avais pénétré dans la tour Sud, je m’étais sentie très, très mal tant j’avais l’impression de ressentir la mort partout autour de moi. Plus l’ascenseur montait et plus je sentais les tours s’écrouler. Lorsque nous sommes arrivés sur la terrasse, j’ai eu bcp de mal à y rester qqs instants tant cela m’était insupportable. Je me souviens de la belle vue mais surtout des funestes impressions. En descendant, j’avais été marquée par la toute petite et joliette église Saint-Nicolas faisant face aux 2 gigantesques avec l'impression qu’elles n’en avaient plus pour longtemps…
Pour celles et ceux qui comme moi les ont réellement vues, je pense qu’on ne peut s’empêcher de les reconstruire à partir de ces structures carrés. Comment sera l’impact d’en bas ? Il est temps de partir le découvrir. J’ai apprécié la vue depuis cette nouvelle One World mais aurais préféré pouvoir le vivre en extérieur et non en étant enfermée. L’avantage, c’est que l’espace est vaste et qu’aux heures de faible affluence, il y a de la place pour s’installer et admirer tranquilou. Un petit tour aux commodités situées vers le gift-shop et puis s'en va...
Il est 11h05 quand j’arrive au bord du premier bassin. J’apprécie la sobriété du monument aux noms finement découpés dans l’acier, l’hommage rendu le jour des anniversaires par une rose blanche. Par contre, je suis remuée par l’eau qui coule en permanence, symbole de l’écroulement perpétuel des Tours pour ne jamais oublier et encore plus par le carré abyssal central. Cela tombe, tombe, tombe sans fin. J'en suis peu fan car regarder cette eau tomber ravive les images. J’aurai juste axé sur le souvenir des tours et des victimes mais pas sur la remémoration perpétuelle. Les carrés me semblent plus petits que les tours et après recherches, j’ai appris qu’ils l’étaient de 9 mètres par côté. Dans la taille exacte, certains ont considéré qu’ils auraient pris trop de place…
Au-dessus, flotte le Phénix qu’est l’extérieur de l’Oculus. Il déploie ses ailes pour prouver que l’horreur n’a rien arrêté et surtout pas la Vie… Cette réalisation me plaît beaucoup car démontre, plus que des mots, combien l’énergie déployée a permis d’éliminer des milliards de tonnes de gravats, de re-construire divers bâtiments, d’édifier un lieu de mémoire… en moins de 17 ans. C’est peut-être cela qui m’impressionne le plus, cette forte vivance absolue, le plus bel hommage qui puisse être rendu à toutes celles et tous ceux ayant été anéantis.
Il y a l’air d’avoir une petite file d’attente devant l’entrée du musée du 11 Septembre donc mieux vaut y aller avant que cela ne s’accroisse encore. Il paraît qu’il peut y en avoir pour des heures… Je poireauterais tout de même une trentaine de minutes sous une température de 0°, bien au chaud sous mon oignonade vestimentaire. La file est pour les personnes n’ayant pas de billet, une minorité, et tous ceux ayant des vouchers à échanger contre des billets. Il n’y a que 3 guichets d’ouverts et cela traînouille fort. Il serait grand temps de passer à des scans directs comme à l’ESB…
Le musée est à la fois un sanctuaire, non ouvert au public, des restes humains non encore attribués car comme dans les cimetières militaires les scientifiques continuent à chercher, un lieu d’hommage et de recueillement, un espace de présentation de quelques éléments des tours ou d’engins pour aider à comprendre l’intense destruction que ce fut, un outil de souvenir car déjà nombreux sont celles et ceux à ne pas l’avoir vécu et au fil du temps ils deviendront majoritaires.
Je parcours les différentes salles tout en étant dans l’impossibilité de re-regarder les images du jour J, de toutes façons c’est graver en moi à jamais. En triste litanie, on entend les noms des disparus récités par des proches, il faut environ 8 heures pour que l’ensemble soit cité. Je ne serai capable que d’y rester une heure tant c'est remuant, oppressant...
Un tour au carré symbolisant la tour Nord, un passage au voisinage de la nouvelle église Saint-Nicolas toujours en travaux et je décide de partir m’aérer l’esprit sur l’Udson. Lors de la prépa, j’avais envisagé de faire le petit tour en bateau, compris dans mon pass, en fin de journée pour bénéficier de la lumière du couchant. Or, à cet instant, je n’ai aucune envie de m’enfermer dans un musée, l’envisagé était celui consacré aux Indiens, encore moins d’aller magasiner donc ce sera croisière…