En flottements et sur-lignements d’un Memorial day...
Je prends mon temps les yeux en l’air, enfin juste ce qu’il faut pour admirer les reflets sur les vitres des tours. Puis, j’emprunte le passage couvert et me retrouve en bord d’Hudson. La mini-croisière est annoncée pour 14h20, au départ de terminal de Brookfield. J’ai le temps de fleinarder car c’est en toute proximité. Je passe au guichet faire scanner mon flash code et valider ainsi mon embarquement, sans temps d’attente car il y a peu de monde.
La température est proche de 0° et du coup, un peu de chaud me ferait du bien car je sens que cela va être frisquetterie sur le bateau. Que propose la boutiquette ? Un café et tiens si je l’accompagnais d’une grignoterie. J’hésite entre hot-dog et bretzel qu’on nomme ici pretzel, la traversée de l’atlantique lui ayant fait perdre une boucle nominative quand des allemands le ramenèrent dans leurs bagages. Je vais opter pour le soft bretzel car je me demande toujours depuis combien de temps les saucisses tournent sur le grill ???
Un passage aux commodités et vers 14 heures, je rejoins la file commençant à se former à la porte 3. Un plutôt gros bateau blanc est en arrivée, le Great Point, alors que j’en attendais un petit rouge. Les croisiéristes de plusieurs agences sont regroupés et vont tous partir avec celui-là. Direction le pont supérieur et mauvaise surprise… Pendant que les manœuvres d’appontement s’effectuaient, nous avions eu droit à des hurlements d’une bande de jeunes collégiens sautant sur les sièges et du coup les sièges sont tous marqués de leurs empruntes de chaussures. Il faut dire que le pont est humide car limite verglacé. Je participe à un bal de Dames agitant des mouchoirs en papier et du coup les sièges redeviennent opérants.
C’est parti pour une heure de promenade sous bleu ciel d’hiver. On regarde vers Jersey City, puis Ellis island et finalement la Dame si connue et si symbolique. Bartholdi, Viollet-le-Duc et Eiffel avaient-ils imaginé que leur statue trônerait toujours à l’entrée de New-York 132 ans après son installation. Vu les personnages, il est probable que oui.
Comme la Tour d’un de ses papas, elle est régulièrement entretenue, voire refaite. Ainsi, sa torche actuelle n’est plus l’originelle… Cette œuvre est fruit d’une détermination puissante. Lors de la construction du canal de Suez une statue géante avait été envisagée par Bartholdi, puis refusée. Du coup, elle fut recyclée en cadeau officiel de la France et devint "La Liberté éclairant le monde". Elle fut installée tournée vers l’Europe pour dire bienvenue aux arrivants venant, à l’époque majoritairement de ce continent. Je trouve dommage qu’il fut choisi de lui donner une triste expression car ainsi elle ne dit pas cordialement bienvenue mais semble plutôt dire "Cela va être difficile, prépare-toi". Peut-être était-ce simplement l’expression du modèle, madame Bartholdi mère, madame Singer ou d’autres. Un peu de lassitude à poser ou une non envie de devenir Madame Liberty, qui sait…
Cela pixelise à tout va, de tous côtés et surtout avec des téléphones. Heureusement, le pont n’est pas plein donc aucune bousculade. Me concernant, il y a pas mal d’images que je vais ranger dans la catégorie "Flou de complaisance artistique" car le bateau avançait vite et rajoute du mouvement à mes tremblements et raideurs frileuses… J’ai dû ganter les mains et même si les petits gants en polaire sont plutôt fins, les doigts perdent une partie de leur agilité. Regards et admirations sont renforcés car nous marquons un arrêt en proximité de la Miss.
Puis direction Brooklyn et son pont, un passage en-dessous, un demi-tour et c’est maintenant Manhattan qui s’offre aux admirateurs. Au fil de l’eau, d’autres bâtiments, d’autres angles se dévoilent et font de cette sortie un plus visionnement de l’île, de la ville que je recommande. Ce tour était gratuitement offert avec mon Freestyle pass, sinon il revient à 15 dollars.
Il est 15h30, nous accostons au pier 78. Tout le long du parcours, un guide racontait anecdotes, détails informatifs mais n’était guère écouté. Du coup, malgré son appel à obole, bien peu remplisse son escarcelle dont moi car je n’ai retiré aucun plus personnel de ces commentaires. J’aurai d’ailleurs préféré voguer en silence en plus du bruit de la ville et des passagers. Parmi, mes envies, il y avait celle de découvrir la High Line, sans pour autant l’avoir programmée. Il fait bleu, il fait beau, il n’y a pas de vent, son début est juste à côté, donc c’est parti pour un peu de marche après un passage aux commodités. Celles et ceux me découvrant, ignorent encore que je suis une "Marie pisse 3 gouttes" et donc que les commodités sont une de mes obsessions en voyage car un exigeant besoin…
Les non-newyorkophiles se demandent peut-être késako la High Line ??? C’est une ancienne ligne de train aérienne, transformée sur 2,4 kilomètres en parc sentier urbain. Elle va de l'intersection de Gansvoort et Washington à la 34ème rue. Elle offre une autre forme de poumon vert à la ville. J’ai beaucoup apprécié la parcourir pour diverses raisons.
D’abord pour ses points de vue, à commencer par celui sur the Vessel, ou le Vase/Vaisseau en forme de ruche ou encore de calice. Œuvre de l'anglais Thomas Heatherwick, ce monument, multi-passerelles destinées aux piétons, permettra environ 80 points de vue différents sur la ville, en particulier sur le quartier d'Hudson Yards. Son ouverture est prévue en 2019. Puis, pour les œuvres d’art au sol ou sur les murs environnants et même dans les airs quand un drône me survole un petit moment et que je le pixelise en retour. Et enfin, pour le calme de cette fin d’après-midi hivernante. Cependant, je me dis qu’au printemps et en été, cela doit être bondé et donc moins plaisant. J’ai également un profond regret de voir que tous ces quartiers sont en train de perdre leurs bâtiments anciens en brique, leur âme historique au profit d’affreuses, à mon goût, tours en verre, même si parfois en prouesse architecturale, dommage, vraiment dommage.
En arrivant dans la zone du Chelsea market, une envie d’aller le découvrir me fait quitter la ligne vers 16h30. Ce centre commercial nourricier a été ouvert dans une ancienne usine Nabisco, où en 1912, les biscuits Oreo naquirent. Il y a foultitude de commerces et de restaurant. Tiens, les fameux chocolats Lilac dont je m’étais dît qu’ils pourraient devenir cadeau. Bof, c’est surtout au lait (donc pas du chocolat pour moi) et cher. Aucun ne me donne envie d’ouvrir le porte-monnaie. Il y a trop de nourriture, de marchandises amassées autour de moi, au fil des ans cette profusion me met de plus en plus mal à l’aise et j’ai du mal à rester en ce type d’endroits.
Cependant une petite faim me tiraille et comme je vois pas mal de monde en train de manger, ce sera pizza. Comment venir à New-York sans passer par cette case ? J’opte pour le sicilien Filaga et me régale en bavardant avec mes voisins pour 10,50 dollars la part avec une citronnade.
Que vais-je faire en cette fin de journée ? Aller déambuler dans un autre quartier, rejoindre le pont de Brooklyn… J’ai l’impression de ne pas avoir terminé ma découverte des lieux mémoriels et ressens le besoin d’y aller en lumières du soir, donc ce sera retour dans la zone du World Trade center. Je remonte un petit bout de la 15ème ouest jusqu’au métro et j’y prends la Bleu ou E jusqu’au WTC.
A cette heure, il n’y a plus grand monde sur le site et le recueillement est plus facile. Je parcours les rues aux alentours me demande si j’ai envie d’aller shopper et la réponse est non. En même temps, il est ultra rarissime que la réponse soit oui. Je n’ai jamais suivi de mode ou les dictats vêture des marchands d’inutilités présentées comme sources de bien-être voire de personnalité. Il faut dire qu’il y a un magasin Century 21 juste en face de moi à cet instant, que bon nombre de personnes ne peuvent venir à New-York sans y passer. Petit tour de mes envies: je n’ai aucune envie d’être dans une foule, n’ai besoin de rien. D’ailleurs, je vois mal comment essayer quoique ce soit avec tout l’attirail qu’il me faudrait enlever. Donc, il serait temps de retourner à la casa…
Il est presque 20 heures quand je débouche face au Flatiron et prends la direction du 7-Eleven au coin de la rue de l’hôtel pour y acheter une Coors Banquet, une bière de soif que j’apprécie, des chips et des cookies. Me voilà at home pour une soirée télé et repos… Demain, c’est spectacle…
Me yeux se ferment en tentant d’oublier les images que les visites du jour ont ravivées dans ma mémoire…