Après une non-nuit, nous commençons à bouger vers 6h15, quelque soit la solution il nous faudra partir de bonne heure et le rendez-vous est à 7h30. La seule chose dont nous sommes sûrs, à ce moment là, c'est qu'il sera impossible de dormir en refugio la nuit prochaine: trop de froid, trop d'inconfort vu l'état du malade et surtout trop d'altitude, donc... Je repasse en revue les options avec le gérant de l'hôtel et une seule se dégage aller directement à San Pedro de Atacama. Ce sera un petit déjeuner light pour les deux malgré l'abondance car même si j'ai passé une meilleure nuit je me sens également patatrak.
Dès l'arrivée d'Alberto et Wilbert, ils me confirment cette possibilité avec un bémol: il faut réorganiser le transfert et pour cela pouvoir téléphoner à l'agence. Or, c'est impossible du village. Nous devons rouler jusqu'à une colline à 20 minutes et de là espérer que la liaison passe. De plus, il faudra changer de route/piste et foncer toute la journée pour être sûr d'arriver avant 18 heures à la frontière car le poste de douane ferme à cette heure. Pas de temps à perdre, les sacs sont chargés et zou...
Heureusement que nous avons choisi de nous offrir ce circuit en individuel car sinon aurions-nous pu changer le programme ???
Route en direction de la colline, si ce n'était pour une si désagréable raison, la situation apparaîtrait des plus comique ! En effet, nos deux lascars se déplacent de-ci, de-là avec leurs téléphones à bout de bras et testent, retestent et cherchent la connexion, finalement cela fini par passer. Ouf !!! Gladis, la responsable de Tupiza Tours, va prévenir l'agence au Chili et en principe un véhicule devrait nous attendre à la frontière à partir de 16h15.
Ce fut une journée à paradas mais jamais "para fotografiar" au milieu de paysages d'une splendeur à couper le souffle s'il n'était déjà bien difficile !!! De temps en temps, Alberto ralentit un peu pour me permettre de photographier mais tout de suite après il accélère. Le malade est emmitouflé dans un des sacs de couchage et nous filons, fonçons à la limite de l'endurance de la voiture sur cette piste aux rebonds multiples.
Vers midi, l'arrêt déjeuner se fait en proximité d'un lac contenant du borax, au village des mineurs travaillant dans le secteur, vraisemblablement à Kapina. L'arrêt durera moins de trente minutes. Le repas est copieux, j'avale un peu de quinoa et une pomme semble vouloir rester dans l'estomac du mal portant.
Les abords de la laguna Colorada sont atteints vers 13h30. Pour me faire plaisir, le chauffeur quitte la route et s'approche du lac aux milliers de flamands. Un gardien à moto arrive immédiatement pour nous enjoindre de retourner sur la route, cette zone est protégée. J'ai tout de même quelques photos, merci !
La voiture fonce toujours à très vive allure sur une piste un peu moins chaotique qu'en début de journée. Vers 14 heures, nous marquons un stop commodités aux thermes de Polques et en bordure de la laguna Salada. Dans le lointain, nous avons aperçu des geysers.
Le malade se maintient même si il a des moments très faiblards. La trousse à pharmacie est hautement sollicitée mais la plupart des tentatives d'avalement se terminent par un rejet. Il n'y a pas de bonbonne d'oxygène dans la voiture, peut-être quelque chose à vérifier avant le départ bien que je ne l'ai pas vu mentionné dans les offres de services. Parfois, nous nous regardons dans le rétro avec les deux garçons et sans rien prononcer, nous nous disons du fond des yeux pourvu que cela aille jusqu'au bout !
La route passe par des altitudes maxi et franchit le cap des 5 000 mètres. A droite, le désert de Dali puis la laguna Verde, un peu décevante, puis la Blanca sur fond de volcan Licancabur. J'en suis fan, j'adooore sa forme et son allure. Mais pourquoi cela monte si haut, quand cela va-t-il enfin commencer à descendre... Mon cerveau tourne en boucle sur ce genre de litanie et chaque mètre de grimpette relance une nouvelle crainte.
Toutefois, on ne baisse pas le rythme et soulagement, à 15h45, la voiture stoppe au poste frontière perdu au milieu de nulle part. Avant, nous avons payé un droit d'entrée dans le parc de 150 bobs par personne, à la maison des gardiens. Nous n'avions pas été prévenus de cette taxe et je n'en ai pas retrouvé traces dans nos papiers, donc ??? Mais, ce n'est pas le jour à discuter.
Au cas où notre voiture ne viendrait pas, il y a déjà le bus qui part à 18 heures. Dans le lointain un panache approche et c'est pour nous. Ouf, on va redescendre tout de suite. Nous serons restés moins de 15 minutes à ce baraquement/poste de frontières.
Remerciements, bises, pourboire et chacun s'en va de son côté. Alberto et Wilbert repartent à Tupiza à 900 kilomètres de là et nous ce sera 45 kilomètres de descente. Ils nous avaient expliqué qu'ils touchaient un forfait de l'agence pour les 3 jours et qu'avec cela ils devaient prendre en charge la nourriture, les hébergements basiques... Ils vont économiser une journée et pouvoir partager avec les leurs pas mal de courses ! Nous les remercions très fortement d'avoir bien compris la situation, su s'adapter et s'impliquer pour faire que tout se passe pour le mieux. Leur sympathie a été aidante tout au long de la journée. En voiture, direction la plaine même si elle se situe à 2 438 mètres !
C'est tout d'abord la suite de la voie en terre puis une belle route bien asphaltée sur laquelle le chauffeur double 2 bus pour passer la frontière avant eux. Ces bus arrivent de Salta. Pendant ce temps, trois formulaires sont à remplir, tout est prévu pour ce faire: stylos et porte-document solide. Du coup nous changeons de pays en quelques minutes car nous sommes tous seuls devant le guichet. Au moment de remonter en voiture, le premier bus arrive et déverse une quarantaine de personnes.
A Tupiza, j'avais envoyé un courriel à l'hostal Lickana pour savoir s'ils avaient de la place mais la réponse était arrivée après notre départ. Ils sont full, l'hostal d'en face n'a une chambre que pour une nuit. Le chauffeur nous parle de cabanas mais il faudrait attendre le retour de je ne sais qui... Bon, lors de la prépa un nom d'hôtel confort était ressorti: la Casa de Don David.
L'accueil est super chaleureux, ils ont une chambre pour 3 ou 4 nuits. C'est plus cher que le budget prévu (140 dollars) mais un peu de confort nous est nécessaire et en plus il y a un restaurant sur place, donc pas besoin de sortir. C'est finalement l'idéal vu la situation. Des couleurs sont déjà en train de réapparaître sur le visage de monsieur Madik(éra).
Avant 17 heures, la douche bien chaude coule et apporte du bien-être. Je dinerai sur place d'un steak un peu trop cuit et trop arrosé de sauce au caramel et d'une très bonne purée au pesto. Le tout arrosé par un jus de framboise des plus tops. Le "moins malade mais encore un peu" réussira à manger sa purée simple apportée dans la chambre.
C'est parti pour un bon gros dodo plouf à 21h30. Le gros de l'épreuve est derrière nous.